Daniel Locus

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Né   en   1951   à   Tamines,   vivant   et    travaillant à Bruxelles, Daniel Locus est  photographe et vidéaste. « Au-delà du point de vue » pourrait être la définition du travail de Daniel Locus, qui interroge son quotidien, les objets qui l’entourent, les activités récurrentes et questionne la notion même de prise de vue. Il a notamment exposé aux Abattoirs de Bomel – Centre culturel de Namur, à Point Culture à Bruxelles et à Liège, au Musée d’Ixelles, à BOZAR à Bruxelles  ainsi qu’au DailyBul & co à La Louvière.

Daniel Locus compte ainsi parmi ceux qui défendent l’idée que rien ne se pêche, que rien ne se fixe lors d’une réécriture. Les faits ne sont pas si malléables qu’ils ne puissent demeurer investis par leur vérité, voilà ce que pense ce photographe. Sa pratique est un déni de la manipulation des images. Il y a dans la démarche de Locus l’indice d’une hypothèse : que les lois objectives qui décrètent que les yeux doivent voir ce que la pensée devine n’arrivent pas à rendre compte de la mise en crise des premiers par la seconde, ni de l’invisible qui déchire la surface des mots comme celle des images.

Aldo Guillaume Turin, 'Daniel Locus. Soupçons de collusion avec le réel', Edition 100 titres, 2012

Photos, vidéos, installations et autres écrits : Daniel Locus fait régulièrement valoir l'une ou l'autre de ses observations, ici et là, en Belgique et ailleurs. Son intérêt à l'égard de ce qui se trame, dans la rue comme dans le milieu de l'art contemporain, motive sa présence sur différents fronts de la guérilla urbaine. Voilà des années qu'il contribue, avec autant de pugnacité que de discrétion, à la vitalité des pratiques artistiques actuelles dont l'enjeu est sociétal. Est-ce parce qu'il a son miroir en horreur et agit en autonomiste dans la furtivité ? On ne l'associe à aucune galerie en particulier. Sachant que la violence est un manque de vocabulaire, il préconise plutôt la digression pour justifier ses plasticages. Les combattants de l'ombre peuvent avoir de ces colères rentrées !

Catherine Angelini, « Action (in)directe », in : Art Même, Edition Service des Arts plastiques de la Fédération, n°54, 2012, p.30.

L’œuvre de Locus est une conséquente mise en question d’une double conviction enracinée jusque dans le sens commun : que l’image « représente » le réel, en est, si l’on veut, le masque ou la chair, que la vérité est dans ce rapport de représentation, dans la maîtrise conceptuelle et la contemplation transcendante, et que le réel se laisse saisir, dompter, dans sa nature et sa fonction, par le regard, si ce n’est pas la gamme globale des facultés sensorielles et cognitives. Non, le « réel » n’est pas le visible, ni le pensable, ni le dicible – sa résistance tenace, cible de la visée esthétique, semble s’échapper aux stratégies du faux, mais cette constante mise en crise fait du « faux » la blessure brûlante de toute œuvre artistique.

Herman Parret